vendredi 30 septembre 2011

Les bouquins des copines : L’appel gourmand de la forêt de Lilo


Vous allez me dire que je me spécialise dans la pub amicale. En fait, je n’ai qu’une poignée de copines qui écrivent, mais elles sont très douées, et très prolifiques. Quelques mois à peine après la sortie de son livre sur les tomates anciennes, Lilo nous régale d’un nouvel ouvrage sur les cueillettes de plantes sauvages sylvestres et leur utilisation en cuisine, L’Appel gourmand de la forêt.

Et celui-ci, je voulais vous en parler sans attendre, non seulement parce que j’ai été séduite dès la première lecture, mais aussi parce que c’est la saison des balades et des cueillettes en forêt et que ce livre regorge d’idées originales pour accommoder mûres, noix, noisettes, cynorrhodons, nèfles, châtaignes et champignons.

Evidemment, on pourrait penser qu’il s’adresse principalement aux ruraux et aux randonneurs qui sont familiers de ces plantes. Mais je crois que nous avons tous besoin de temps en temps de nous évader et d’ouvrir les yeux sur ce que la nature propose. Les belles photos de Lilo sont là pour nous y aider, tout comme son introduction sur les cueillettes durables et le respect des ressources, les fiches détaillant les propriétés des plantes, et bien sûr les recettes, quelquefois surprenantes. Evidemment, de nombreux gamins de la campagne ont déjà goûté aux cynorrhodons, dits aussi « gratte-culs », et la plupart des champignons cités ne sont pas inconnus même des citadins. Mais qui avait entendu parler de l’eau de bouleau, imaginé une tapenade de trompettes de la mort ou des croque-monsieurs aux feuilles de violettes ?

Alors à vos paniers, allez donc faire des « cueillettes buissonnières » comme le dit si joliment Lilo.



J’ai commencé par les mûres, solution de facilité puisque j’avais plusieurs pots de confiture de mûres ramassées sur les sentiers côtiers de Belle-Ile et transformées par Belle-Maman. Ces carrés croustifondants à la mûre, sorte de barres de céréales maison, me paraissaient parfaits pour le goûter des enfants. Finalement, les ingrédients bio et complets de la recette les ont un peu déroutés, ce n’est pas ma palette habituelle, et ce sont mes copains de train qui s’en sont régalés. Si vous aimez les goûts rustiques et prévoyez une longue balade en forêt, ces barres de céréales sont faites pour vous. Quant à moi, ce n’est certainement pas la dernière des recettes de ce livre que j’essaierai.

Carrés croustifondants à la mûre
(pour un moule rectangulaire type moule à brownies)
  • 120g de purée d’amandes (ou de noisette)
  • 100g de sucre de canne complet
  • 125g de farine T80
  • 125g de farine de riz
  • 100g de flocons d’avoine
  • 1 cc de poudre à lever
  • 250g de confiture de mûres
Préchauffer le four à 170ºC.
Mélanger à la fourchette, dans un saladier, le sucre et la purée d’amande. Dans un autre saladier, mélanger les farines, les flocons d’avoine et la poudre à lever. Les ajouter au mélange précédent et travailler l’ensemble du bout des doigts comme pour un crumble.
Incorporer 90ml d’eau et pétrir la pâte sans former une boule.
Chemiser le moule de papier sulfurisé. Y étaler les deux tiers de la pâte en pressant fermement avec la paume de la main. Etaler la confiture de mûres par-dessus. Emietter le reste de la pâte sur la confiture et compléter éventuellement d’une poignée de flocons d’avoine.
Enfourner pour 45 minutes jusqu’à ce que la croûte soit bien dorée. Laisser tiédir puis découper en quartiers.

mardi 27 septembre 2011

La saison des bocaux


C’est le temps des conserves, la saison des écureuils, les cuisiniers font des bocaux pour l’hiver. Ca calme, ça rassure, des générations que ça dure, et puis c’est bon, surtout.

Je n’ai pas, comme Lilo ou Tiuscha, abondance de tomates ou de fruits à conserver, alors je fais dans les confits, avec infiniment de gourmandise. La viande cuite et conservée ainsi dans la graisse est si tendre et fondante, et regardez moi le joli jus qui se dépose au fond du bocal. A vous d’imaginer la suite, les recettes à venir, le plaisir d’ouvrir le bocal un soir d’hiver.


La recette des confits de canard est là, je n’ai pas résisté au plaisir d’en refaire. Quant à ces petits nouveaux au dessus, ils ont plutôt une bonne tête, mais j’attendrai d’en ouvrir un bocal pour vous en donner la recette, il faut les laisser reposer un peu avant de les goûter.

mercredi 21 septembre 2011

Fouaces faictes à beau beurre…


fouaces faictes à beau beurre, beaulx moyeux d'œufs, beau saffran et belles espices. 
Rabelais - Gargantua Chapitre XXXII

Ce n’est peut-être pas tout à fait la même que celle de Rabelais, cette fouace de Marie-Claire, puisque semble t’il elle était agrémentée de safran et de noix (comme celles de Sandra), mais la seule pensée de manger une tranche de 16ème siècle me ravissait. Et l’idée de la fabriquer à l’ancienne, au levain, en la laissant lever de longues heures pour développer ses aromes me plaisait encore plus.

Plutôt un gros pain sucré qu’une brioche, d’ailleurs, je comprends qu’elle ait séduit Rabelais par ses proportions gigantesques. Au sortir du four elle était si belle et rebondie qu’elle aurait pu honorer la table de Gargantua. La mie était belle et douce, avec un léger soupçon d’amertume dû au levain, et la croûte fine, dorée comme un soleil.

A déguster comme autrefois, avec des raisins :
Car notez que c'est viande céleste, manger à desjeuner raisins avec fouace fraische, mesmement des pineaulx, des fiers, des muscadeaulx, de la bicane, et des foirars pour ceulx qui sont constipés du ventre.
Rabelais - Gargantua Chapitre XXV

Je ne remercierai jamais assez Marie-Claire pour ses idées et ses techniques.



Je ne vous conseille pas de vous lancer dans ce genre d’expérience si vous n’avez jamais fait de pain ou de brioche, la pâte à brioche étant très molle et capricieuse. Mais si vous suivez les explications de Marie-Claire, vous devriez la réussir sans trop de difficultés. Je reprends ici ses proportions.

Fouace au levain

Levain tout point :
60 g de "chef"
130 g de farine T 65
80 g de lait

Pâte finale :
240 g de levain
500 g de farine T 65
10 g de sel
100 g de sucre
4 œufs
60 g de lait
160 g de beurre
Parfum au choix : 1 cuil. à soupe d'eau de fleur d'oranger ou de zeste de citron râpé

C’est une brioche qui se fait sur deux jours, les temps de levée sont très longs. Vous aurez besoin d’un levain bien actif. J’ai rafraichi le mien régulièrement à partir du jeudi, avec un dernier rafraichissement le samedi matin du même poids d’eau que de farine.

Après 8 heures de fermentation, prélever 60g de levain et le mélanger avec la farine et le lait pour obtenir ce que Marie-Claire appelle le levain « tout point ». Laisser fermenter ce levain de 6 à 8 heures à 24ºC jusqu’à ce qu’il ait doublé de volume.

Le soir, pétrir le levain avec tous les autres ingrédients sauf le beurre pendant environ 10 minutes, jusqu'à ce que la pâte se décolle de la cuve du robot (je ne fais pas les pâtes à brioche à la main, elles sont trop collantes et on est toujours tenté de rajouter de la farine pour qu’elle se décolle – j’utilise ma machine à pain). Ajouter ensuite le beurre mou, morceau par morceau, en pétrissant jusqu’à ce qu’il soit complètement incorporé et que la pâte se décolle de la cuve du robot (environ 5 minutes). Puis la verser sur le plan de travail et faire deux ou trois rabats, comme pour le pain, pour la raffermir et y incorporer de l’air. La mettre en boule dans un grand saladier, couvrir et laisser reposer environ 12 heures à température ambiante.

Au bout de ce temps, la pâte aura doublé de volume (voire plus). La verser sur le plan de travail, faire à nouveau deux ou trois rabats pour renforcer son élasticité, puis la couper en trois parts égales. Faire trois longs boudins et former une tresse. Déposer cette tresse sur une plaque, couvrir d’un linge et laisser reposer à température ambiante pendant environ 5 heures (je l’ai laissée 6 heures et c’est dans la dernière heure qu’elle a pris des proportions gigantesques).

Quand elle a doublé de volume, la dorer à l’œuf battu et l’enfourner pour environ 35 minutes dans un four préchauffé à 200°C. Laisser refroidir sur une grille.

Elle est excellente au petit déjeuner, pas trop sucrée mais bien parfumée et légère. Elle se conserve très bien plusieurs jours enveloppée dans un torchon.

mercredi 14 septembre 2011

BBQ Cheese Burgers du jardin


Oui, on fait dans le fast-food local. Enfin presque, salade et tomates du jardin de mes parents, viande hachée du boucher et barbecue dans le jardin. Bon, pour les pains, je dois m’avouer vaincue. Malgré mes essais plutôt réussis de pains pour hamburgers et hot-dogs, ma famille préfère la version industrielle, plus légère, plus moelleuse. Et finalement, ils n’ont pas tort, les miens sont bons mais plus denses, on cale à la moitié du sandwich – il faudrait qu’on m’explique comment on arrive à obtenir des pains aussi légers, il y a certainement d’affreuses substances chimiques là-dessous.

Et puis le cheddar vient d’Angleterre, of course. Bon, finalement, pas tout à fait local ce hamburger. Mais tout a fait bon par contre. De plus, c’est une excellente idée d’activité pour les enfants. Faites leur laver et couper la salade, les tomates, émincer des oignons doux (non, ça faites-le finalement), couper en tranches le cheddar, les gros cornichons molossol et disposer le tout dans des bols au milieu de la table. Faites revenir doucement des oignons émincés et laissez-les les ajouter à la viande hachée, avec un peu de sel, de poivre, de piment d’Espelette, du thym frais émincé et une giclée ou deux de Worcestershire sauce, et former eux-mêmes le steak haché (enfin ça c'est pour la légende, en réalité les miens n'ont fait que l'assemblage, mais promis, la prochaine fois, je les mets au boulot).

Pendant ce temps-là vous aurez naturellement allumé le barbecue et vous cuirez les burgers à la perfection, avec les petites tranches de vrai cheddar fondant sur le dessus, tout en faisant dorer dans la friteuse quelques frites taillées au couteau (j’aime bien cette expression, ça fait tellement plus authentique…) et en réchauffant les pains – oui, je sais, il vaut mieux être deux pour ça, pourquoi croyez vous qu’ils soient si nombreux dans les cuisines des fast-foods? Donc vous aurez un chef BBQ qui cuira les burgers à la perfection, après les avoir enduits d’un peu d’huile pour qu’ils ne collent pas trop à la grille.

Et puis, disposez le tout en kit sur la table, et laissez-les assembler eux-mêmes leur hamburger et se barbouiller de ketchup-mayo. Peut-être pas très diététique, mais extrêmement ludique – et je peux vous assurer qu’ils seront fiers du résultat et que ce sera « bien meilleur qu’au McDo ! ».
 

jeudi 8 septembre 2011

Paresses estivales


Ce fut un été en demi-teintes, des nuances de gris principalement, quelquefois des trouées bleu clair, plus rarement la luminosité tant espérée. Un été de paresses, au rythme des averses. Les vélos sont restés le plus souvent au garage, les cirés aussi finalement, l’envie de rester tranquillement à buller au sec prenant le dessus sans effort.

Il faut savoir céder à la paresse, sans culpabilités. Dormir tard et se coucher plus tard encore. Prendre de longs petits déjeuners à des heures incongrues. Décider que non, on n’ira pas à la plage, au cinéma peut-être, on verra. Reprendre sans conviction le bouquin abandonné dans un coin, mais rien à faire, la tête est vide.

Mettre le nez dehors à la mi-journée, sous le crachin typique, histoire de ne pas rater la fin du marché. La décision la plus importante de la journée portant sur le contenu de nos assiettes : agneau de l’ile ou côte de bœuf dans la cheminée ? Et si on allait au Goéland ce soir, pour les petites sardines crues marinées, l’entrecôte de l’ile au feu de bois et les frites maison ? Hummm, tiens, si je prenais de ces petites aubergines, tomates et courgettes locales, qui iraient si bien, confites au four, avec une jolie dorade ?


Dorade et petits légumes d’été confits
  • 1 jolie dorade
  • 2 courgettes
  • 2 petites aubergines
  • 1 demi poivron rouge
  • 4 tomates
  • 4 petites pommes de terre cuites
  • 1 citron bio
  • 1 oignon
  • 2 gousses d’ail
  • Thym et romarin frais
  • 1 feuille de laurier
  • 1 verre de muscadet
  • Sel/poivre/piment d’Espelette
Préchauffer le four à 180ºC.
Peler les pommes de terre. Couper les courgettes, les aubergines et le citron en rondelles, le poivron en lanières, les tomates en quartiers, émincer l’oignon et l’ail.
Dans un grand plat a gratin, verser un fond d’huile d’olive. Y verser les légumes et les herbes ciselées, sel, poivre, piment d’Espelette et mélanger délicatement.
Enfourner pour environ 45 minutes jusqu’à ce que les légumes soient confits et tendres.
Nettoyer la dorade. Saler et poivrer l’intérieur. La disposer sur le lit de légumes et l’arroser d’un filet d’huile d’olive. Verser le vin sur les légumes.
Régler le four sur 190ºC et enfourner pour 20 minutes (environ, tout dépend des fours).


Ensuite, si ça se lève, on pourrait aller faire une balade sur la côte, tranquillement, jusqu’à l’heure du kir au Kervi.

Et mon esprit subtil que le roulis caresse
Saura vous retrouver, ô féconde paresse,
Infinis bercements du loisir embaumé !
Charles Baudelaire – La chevelure